Les baskets Made in France sont-elles écologiques ?

Intro


En tant que marque, le label “Made in France” est un avantage de taille. Derrière, l’imaginaire d’un produit fabriqué de A à Z en France.  Quand nous avons commencé, nous le voyions tout autant comme un label écologique qu’un témoin d’une ré-industrialisation nationale. On a vite déchanté. 


Qu’est-ce que c’est qu’une basket Made in France ?


Sur le site du Ministère de l’Économie et des Finances, on peut lire qu’un produit “prend l’origine du pays où il a subi la dernière transformation substantielle.” Autrement dit, la mention “Made in France” ne prend en compte ni l’origine des composants d’un produit ni sa complexité de fabrication.


La production d’une paire de BALT consiste en l’assemblage de plus de 10 composants, de la tige à la semelle en passant par la doublure ou les œillets. Au total, pas moins de 10 usines sont impliquées de près ou de loin dans la fabrication de nos baskets. La réalité, c’est que l’on pourrait faire venir notre tige d’Amérique du Sud et nos semelles d’Asie, nous n’aurions qu’à assembler le tout en France pour estampiller nos produits “Made in France”. Ce ne serait pas très honnête, mais tout à fait légal. 


Ce qui est vrai pour la basket entière est vrai pour chacun des matériaux. Il nous a par exemple été proposé d’envoyer nos fils en Chine pour être tissés avant de les renvoyer en France pour la découpe. L’impact écologique de cette tige aurait été désastreux, mais elle aurait été certifiée Made in France. 


En soi, la mention “Made in France” a pour objectif initial de réindustrialiser le territoire national. À ce titre, il est effectivement intéressant de travailler avec des ateliers d’assemblage français. Cela dit, il faut aussi savoir choisir ses batailles. Notre objectif a toujours été clair: démocratiser l’accès à une mode plus respectueuse de la planète et de ceux qui y vivent. Assembler en France augmenterait significativement le prix final de nos produits et aurait un impact environnemental négatif sur nos baskets. 


Le Made in Europe, du bon sens écologique


Vous avez probablement remarqué que la plupart des marques qui se revendiquent “éthiques” vont produire au Portugal. Ce n’est clairement pas un hasard.


Tout d’abord, les prix y sont meilleurs, c’est loin d’être anodin quand l’on souhaite démocratiser une mode plus saine. 


L’autre raison, c’est l’existence d’un vivier d’usines dans la région de Porto, qui a su conserver son savoir-faire dans l’industrie, et ce, depuis plusieurs décennies. Il y a donc une offre plus variée, qui ouvre la porte à des styles et des techniques différentes. Cela simplifie également énormément le processus de production puisque les usines d’assemblage sont directement en contact avec les usines de production d'œillets, de lacets, de doublures, de semelles, d’étiquettes, de broderies, etc. 


Il faut aussi ajouter qu’avec une industrie du textile en pleine mutation, les usines font des investissements colossaux pour développer de nouvelles techniques de fabrication et/ou réduire l’impact environnemental de leurs procédés de fabrication. À l’échelle européenne, si chaque pays cherche à développer sa propre filière de production, il est possible que l’on ralentisse cette mutation de manière considérable. 


Pour illustrer ce dernier point, nous réfléchissions à la possibilité de creuser la possibilité de produire une paire de runnings en Europe. Nous avons interrogé les experts de l’industrie en France et en Europe et, pour le moment, la réponse est unanime: les semelles de runnings proviennent exclusivement d’Asie, nous ne sommes plus capables de les faire en Europe. Si nous ne développons pas de pôle européen de production, nous perdons notre savoir-faire et devons nous tourner vers d’autres continents.


Les baskets Made in France, le combat de demain


La lutte pour une économie respectueuse de la planète et de ses habitants est faite de plusieurs chapitres, de plusieurs batailles. Pour le secteur des baskets, nous pensons que l’une des premières batailles qu’il est possible de mener est celle d’une réindustrialisation européenne, d’un retour en force du “Made in europe”. Aujourd’hui, près de 95% des baskets sont produites en Asie, si l’on peut réduire ce chiffre au profit d’une production portugaise et d’un sourcing européen, cela marquera une première victoire. Cela aura un impact considérable sur les conditions de travail dans les usines de production et bien sûr, sur l’impact environnemental de nos baskets.


Cela dit, nous espérons bien produire nos baskets en France un jour ! Quand nous aurons gagné la bataille du “Made in Europe”, nous nous attaquerons avec joie au “Made in France”. Nous irons grappiller ces kilomètres de transport et nous pourrons sereinement nous préoccuper du problème de réindustrialisation de notre pays. Nous soutiendrons avec force toutes les hommes et les femmes qui souhaiterons développer leur filière de production de matériaux, de tissage ou d’assemblage en France. En attendant, nous avons dû faire un choix, et nous avons choisi de démocratiser l’accès à une mode éthique.


Conclusion


Notre objectif était double: minimiser les distances entre les producteurs de nos composants et notre usine d’assemblage et proposer un prix compétitif afin de rendre nos baskets accessibles. Au vue du vivier d’usines qui se situe dans la région de Porto et des prix qui y sont pratiqués, c’est logiquement vers là-bas que nous avons décidé d’aller. Résultat, tous nos composants sont fabriqués à moins de 1000 kilomètres de notre usine d’assemblage, nous utilisons exclusivement le transport routier et nos usines sont suffisamment proches pour que nous puissions nous assurer des méthodes de travail et de fabrication.


Alors certes, nous ne pouvons pas dire que nos baskets sont labellisées “Made in France”, mais au moins, nous avons (un peu) de suite dans les idées.