Baskets vegan, recyclées, en cuir végétal, lesquelles choisir ?

Introduction


A l’heure où la mode éthique se démocratise lentement mais sûrement, il est de plus en plus question de matériaux écoresponsables. Il est alors opportun de se pencher sur les différents matériaux pouvant être utilisés dans un souci écologique. Nous étudierons d’abord les matériaux plus naturels et plus traditionnels avant de nous intéresser aux cuirs vegans puis aux matériaux recyclés.  


Les matériaux naturels, des basiques dont on ne peut pas se passer ?


Pendant très longtemps, les vêtements et chaussures étaient faits exclusivement de matériaux naturels. Ces matériaux avaient l’avantage de ne pas faire intervenir dans leur fabrication des métaux lourds comme c’est le cas aujourd’hui avec les fibres synthétiques ou artificielles.

Aujourd’hui, la matière la plus utilisée dans l’industrie textile reste le coton qui représente 75% de la production textile mondiale. Elle a divers avantages : c’est une matière souple, douce et résistante. De plus, elle tient chaud et est facile à laver. 

Le lin, elle aussi naturelle, est une matière qui ne nécessite ni irrigation (donc pas consommatrice d’eau mise à part l’eau de pluie) ni intervention chimique (pas d’utilisation de pesticides). Réputé pour sa résistance et sa légèreté, il revient de plus en plus dans le textile comme une alternative au coton. De plus, la France est le premier producteur mondial de lin avec 80% de la production mondiale ce qui permet également un sourçage de matière première locale. Le lin est pour ces raisons considéré comme une matière écologique.


Le chanvre tout comme le lin est considéré comme une matière écologique. Sa production n’a que très peu d’impact sur l’environnement puisqu’il ne nécessite ni irrigation ni engrais.  Il participe à la régénération des sols et aspire et stocke du CO2, contribuant ainsi à la qualité de l’air. C'est une matière particulièrement résistante qui permet de fabriquer des vêtements durables et confortables. 

La laine, quant à elle, est une matière naturelle, écologique et qui possède de nombreuses qualités. Elle a la capacité d’emprisonner dans ses fibres l’air réchauffé par le corps. Lors d’une transition d’un environnement chaud vers un environnement plus froid, la laine continue à diffuser la chaleur accumulée. De plus, c’est une fibre qui ne retient pas les odeurs et elle possède une couche cireuse qui empêche le gras de s’imprégner.. Elle est donc facile à entretenir et à nettoyer. Enfin, la laine est un matériau particulièrement résistant. 

La laine naturelle est une matière déjà considérée comme éco-responsable car biodégradable et durable.

Même si, comme nous l’avons vu plus haut, le coton a moult points positifs, l’envers du décor est tout autre. En effet, sa culture est l'une des plus polluantes au monde : selon l’OMS, elle consomme 25% des pesticides et 10% des herbicides. 

En dehors de cette utilisation de produits toxiques, la production de coton est également marquée par une consommation gargantuesque d’eau puisque le coton est le 3ème consommateur d’eau en irrigation. En effet, selon le Water Footprint Network (une association chargée de comptabiliser et publier la consommation d’eau des différents produits du quotidien) la fabrication de coton est de 10 000 litres par kilogramme. Autrement dit, un t-shirt pesant 250 grammes nécessite environ 2 500 litres d’eau et un jean, 8 000 litres. 

Les limites du lin sont peu nombreuses mais existent: il est un peu rugueux. Pour cette raison, il est parfois mélangé à du coton pour l’adoucir. Or, tout mélange de matières peut freiner le recyclage et empêcher les vêtements d’avoir une seconde vie. 

Pour ce qui est du chanvre, il gratte. Ce désagrément ainsi que le manque d’élasticité du produit poussent les producteurs à mélanger celui-ci avec du coton ce qui pose encore problème au niveau du recyclage potentiel du produit. De plus, la famille botanique du chanvre n’a pas très bonne réputation. En effet, sa parenté avec le cannabis ne lui est pas favorable. Au début des années 50 par exemple, nombre de pays ont interdit la culture du chanvre à cause de sa teneur en THC, mais aussi pour éviter les cultures de cannabis camouflées. Il aura fallu plusieurs décennies de débats politiques, de déclin de production, et d'évolutions des mentalités pour que ces interdictions finissent par être progressivement levées.  Pour ces diverses raisons, l’utilisation du chanvre reste assez rare sur le marché de l’habillement.

Comme nous l’avons vu précédemment, la laine possède de nombreuses qualités et le seul défaut relatif au produit fini en lui-même et que la laine  peut se rétrécir assez facilement sous l’effet de la chaleur. Le problème majeur de la laine est la maltraitance animale qui lui est associée. En effet, les éleveurs sont souvent rémunérés au volume et pas à l’heure ce qui les encourage à utiliser des pratiques rapides mais sources de souffrance pour les animaux.


Les cuirs « végétaux », une tendance qui durera ?


Le cuir traditionnel, dont l’impact environnemental n’est plus à prouver, se voit remplaçé par des matières alternatives que l’on appelle “cuirs végétaux”.

Jusqu’à très récemment, l'appellation “cuir végétal” désignait, par abus de langage, les cuirs à tannage végétal. On utilisait donc bien des peaux de bêtes mais le tannage, c’est-à-dire,  le processus par lequel les peaux animales sont transformées en cuir souple et durable, était fait à l’aide de tannins végétaux. Ces tannins n’utilisent pas de chrome, ce qui permet de réduire les risques d’allergies ainsi que les impacts environnementaux. Pour ce tannage végétal, on utilise des produits végétaux comme des écorces, des racines ou encore des fruits. Toutefois, il faut noter que ce tannage est beaucoup moins rapide que le tannage traditionnel aussi appelé tannage minéral. 

On parle aujourd’hui de “cuir vegan” pour désigner les alternatives vegans qui ressemblent à du cuir sans en être pour autant. En vérité, ces matières n’ont rien à voir avec le cuir puisque conformément au Code de la Consommation, le cuir est “toute matière obtenue de la peau animale au moyen d’un tannage ou d’une imprégnation conservant la forme naturelle des fibres de la peau.”

Dans cette catégorie de “cuir vegan”, on distingue entre autres : 

  • le cuir vegan synthétique : plus communément appelé simili-cuir, il est fabriqué à base de pétrole. 
  • le cuir de raisin : conçu à partir de résidus de grains et de peaux de raisin issus de la transformation des grappes en vin.
  • le cuir de pomme : issu des déchets de pomme en un faux cuir à la fois vegan et biodégradable. 
  • le cuir d’ananas : issu de fibres de feuilles d’ananas.
  • le cuir de liège : issu de l’écorce superficielle du chêne-liège, il est naturel, doux et léger, imperméable et très résistant.

L’avantage incontestable du cuir végétal est qu’il a un impact moindre sur l’environnement en comparaison avec le cuir traditionnel. Toutefois, ce tannage végétal va consommer une quantité d’eau non négligeable en raison du besoin d’effectuer plusieurs trempages dans des cuves pour imprégner la peau. 

En outre, les matières vegans synthétiques ne sont pas acceptées par tous. Certains préfèrent le toucher et l’odeur du cuir véritable. En effet, la qualité et la durabilité du cuir traditionnel sont nettement supérieures à celles du cuir vegan. Acheter du cuir vegan c’est donc, dans une certaine mesure, acheter un produit qui nécessitera d’être remplacé relativement rapidement. 

De plus, le cuir vegan synthétique est fait à base de pétrole ce qui, en soi, n’est pas des plus respectueux de l’environnement.  

Enfin, il ne faut pas oublier que ces cuirs “vegans” doivent être mélangés à d’autres matériaux tel que le polyuréthane ce qui, au-delà de perturber leur recyclage, abîme considérablement leur impact environnemental.


Les matériaux recyclés, la solution à une tendance à la surproduction ?

Afin de lutter contre la surproduction de nouvelles matières vierges, nombre d’entreprises produisent désormais des matériaux recyclés. 

Nous l’avons vu plus haut, le coton est très consommateur d’eau. Le coton recyclé répond en partie à cette problématique puisqu’il évite la production d'une matière vierge, elle nécessite moins d'eau et d'énergie pour être produite et permet de réduire nos déchets.

Le polyester est, avec le coton, la matière la plus utilisée dans la confection de vêtements. Toutefois, c’est une fibre artificielle dérivée du pétrole qui est donc dangereuse pour la planète. Le polyester recyclé, aussi appelé rPET, évite la création d'une matière vierge et polluante (le polyester) et nécessite ainsi moins d'eau et d'énergie pour être produit. Il permet également de limiter les déchets puisqu’il est fabriqué à partir de matière déjà créée. Il est obtenu en fondant le plastique existant et en le refilant en une nouvelle fibre de polyester. 

Le cuir recyclé est fabriqué à partir de chutes de cuir broyées puis mélangées avec du latex . Le cuir recyclé est de très bonne résistance et à la même apparence qu’un cuir classique.

L'upcycling est l'action d'utiliser un vêtement ou un tissu déjà existant pour en créer un nouveau. L'upcycling est écologique : il ne demande aucune production de nouvelle matière ce qui évite une consommation d'eau et d' énergie; En donnant une seconde vie à des tissus ou vêtements, l'upcycling soulage le système de tri et évite des déchets supplémentaires sur notre planète . Enfin, il favorise les circuits courts car ces matières upcyclées sont généralement déjà sur place.

L’ensemble des matériaux recyclés permettent de limiter la production en évitant la confection d’une nouvelle matière vierge qui est très consommatrice . Toutefois, ils demandent aussi une production, ils ne sont donc pas sans impact sur la planète. 

De plus, le textile recyclé ne représente aujourd’hui que 1% des matières textiles utilisées. Il est donc évident que, même si sur le papier toutes ces matières recyclées sont plus écologiques, leur usage est loin d’être systématique et leur impact est donc moindre. 



Conclusion


Cette multitude de matériaux utilisée aujourd’hui démontre la préoccupation grandissante pour une industrie textile plus respectueuse de l’environnement. Nous l’avons vu, il est évident qu’aucune matière n’est parfaitement écologique. Toutefois, ce désir de développer des textiles dont l’impact est limité ne peut être que positif pour le futur.